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Amosis13 Saigneur Marseillais
Nombre de messages : 965 Date d'inscription : 10/04/2006
| Sujet: Poemes Ven 21 Juil - 14:29 | |
| L'accent De l'accent! De l'accent! Mais après tout en-ai-je? Pourquoi cette faveur? Pourquoi ce privilège? Et si je vous disais à mon tour, gens du Nord, Que c'est vous qui pour nous semblez l'avoir très fort Que nous disons de vous, du Rhône à la Gironde, "Ces gens là n'ont pas le parler de tout le monde!" Et que, tout dépendant de la façon de voir, Ne pas avoir l'accent, pour nous, c'est en avoir...
Eh bien non ! je blasphème! Et je suis las de feindre! Ceux qui n'ont pas d'accent, je ne puis que les plaindre! Emporter de chez soi les accents familiers, C'est emporter un peu sa terre à ses souliers, Emporter son accent d'Auvergne ou de Bretagne, C'est emporter un peu sa lande ou sa montagne! Lorsque, loin du pays, le cœur gros, on s'enfuit, L'accent? Mais c'est un peu le pays qui vous suit! C'est un peu, cet accent, invisible bagage, Le parler de chez soi qu'on emporte en voyage C'est pour les malheureux à l'exil obligés, Le patois qui déteint sur les mots étrangers!
Avoir l'accent enfin, c'est, chaque fois qu'on cause, Parler de son pays en parlant d'autre chose!...
Non, je ne rougis pas de mon fidèle accent! Je veux qu'il soit sonore, et clair, retentissant! Et m'en aller tout droit, l'humeur toujours pareille, En portant mon accent fièrement sur l'oreille! Mon accent! Il faudrait l'écouter à genoux! Il nous fait emporter la Provence avec nous, Et fait chanter sa voix dans tous mes bavardages Comme chante la mer au fond des coquillages! Ecoutez! En parlant, je plante le décor Du torride Midi dans les brumes du Nord! Mon accent porte en soi d'adorables mélanges D'effluves d'orangers et de parfum d'oranges; Il évoque à la fois les feuillages bleu-gris De nos chers oliviers aux vieux troncs rabougris, Et le petit village où les treilles splendides Éclaboussent de bleu les blancheurs des bastides! Cet accent-là, mistral, cigale et tambourin, A toutes mes chansons donne un même refrain, Et quand vous l'entendez chanter dans ma parole Tous les mots que je dis dansent la farandole | |
| | | Amosis13 Saigneur Marseillais
Nombre de messages : 965 Date d'inscription : 10/04/2006
| Sujet: Re: Poemes Mar 1 Aoû - 17:02 | |
| Depuis six mille ans la guerre Depuis six mille ans la guerre Plait aux peuples querelleurs, Et Dieu perd son temps à faire Les étoiles et les fleurs.
Les conseils du ciel immense, Du lys pur, du nid doré, N'ôtent aucune démence Du coeur de l'homme effaré.
Les carnages, les victoires, Voilà notre grand amour ; Et les multitudes noires Ont pour grelot le tambour.
La gloire, sous ses chimères Et sous ses chars triomphants, Met toutes les pauvres mères Et tous les petits enfants.
Notre bonheur est farouche ; C'est de dire : Allons ! mourons ! Et c'est d'avoir à la bouche La salive des clairons.
L'acier luit, les bivouacs fument ; Pâles, nous nous déchaînons ; Les sombres âmes s'allument Aux lumières des canons.
Et cela pour des altesses Qui, vous à peine enterrés, Se feront des politesses Pendant que vous pourrirez,
Et que, dans le champ funeste, Les chacals et les oiseaux, Hideux, iront voir s'il reste De la chair après vos os !
Aucun peuple ne tolère Qu'un autre vive à côté ; Et l'on souffle la colère Dans notre imbécillité.
C'est un Russe ! Egorge, assomme. Un Croate ! Feu roulant. C'est juste. Pourquoi cet homme Avait-il un habit blanc ?
Celui-ci, je le supprime Et m'en vais, le coeur serein, Puisqu'il a commis le crime De naître à droite du Rhin.
Rosbach ! Waterloo ! Vengeance ! L'homme, ivre d'un affreux bruit, N'a plus d'autre intelligence Que le massacre et la nuit.
On pourrait boire aux fontaines, Prier dans l'ombre à genoux, Aimer, songer sous les chênes ; Tuer son frère est plus doux.
On se hache, on se harponne, On court par monts et par vaux ; L'épouvante se cramponne Du poing aux crins des chevaux.
Et l'aube est là sur la plaine ! Oh ! j'admire, en vérité, Qu'on puisse avoir de la haine Quand l'alouette a chanté | |
| | | Amosis13 Saigneur Marseillais
Nombre de messages : 965 Date d'inscription : 10/04/2006
| Sujet: Re: Poemes Ven 25 Mai - 1:52 | |
| Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie Et, sans dire un seul mot te remettre à bâtir Ou perdre d'un seul coup le gain de cent parties Sans un geste et sans un soupir.
Si tu peux être amant sans être fou d'amour, Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre, et, te sentant haï, sans haïr à ton tour, Pourtant lutter et te défendre.
Si tu peux supporter d'entendre tes paroles Travesties par des gueux pour exciter les sôts, Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles Sans mentir toi-même d'un mot.
Si tu peux rester digne en étant populaire, Si tu peux rester peuple en conseillant les rois Et si tu peux aimer tous tes amis en frères Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi.
Si tu sais méditer, observer et connaître, Sans jamais devenir sceptique ou destructeur, Rêver, sans laisser ton rêve être ton maître Penser, sans n'être qu'un penseur.
Si tu peux être dur sans jamais être en rage, Si tu peux être brave et jamais imprudent, Si tu peux être bon, si tu sais être sage, Sans être moral ni pédant.
Si tu peux rencontrer triomphe après défaite Et recevoir ces deux menteurs d'un même front. Si tu peux conserver ton courage et ta tête, Quand tous les autres la perdront.
Alors, les rois, les dieux, la chance et la victoire Seront à tout jamais tes esclaves soumis, Et, ce qui vaut mieux que les rois et la gloire,
Tu seras un homme, mon fils.
Rudyard Kipling | |
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